Lisette – Le départ pour les îles
En 2012 à l’occasion de la Fête des Bois flottés, évènement incontournable désormais à Ste-Anne-des-Monts tous les étés, on m’a demandé d’enregistrer la chanson » Lisette « , une chanson du répertoire qu’on appelle » Romancero « .
On m’avait donné une version chantée par Monsieur Marin de Tourelle. Enregistrée avec les moyens du temps et dans un style représentatif des chanteurs de ce coin de pays, sa version est tout à fait dans le genre de l’époque…
Mais pour l’enregistrer avec Les Choeurs de Haute-Gaspésie, que j’avais créés cette même année, il fallait la revoir un peu et lui donner un rythme assez régulier pour permettre une interprétation en groupe. Ayant analysé la chanson, j’ai trouvé qu’elle avait une très bonne rythmique naturelle. Si bien qu’il ne fut pas si difficile d’en faire une version mieux adaptée à une performance avec un accompagnement et des choeurs.
On s’aperçoit vite en y travaillant, que ces oeuvres qui nous viennent de loin n’ont pas volé leur succès ni leur durée dans le temps. Elles sont arrivées jusqu’à nous parce qu’elles ont des qualités de texte et de musique exceptionnelles. Leur langage qui peut nous paraître un peu précieux ou ampoulé, traduit des sentiments toujours vivaces que les gens d’aujourd’hui ressentent encore.
Pour ceux qui s’interrogent parfois sur le retour à ce répertoire lors d’occasion comme celles-là, j’ajouterai qu’il ne faut pas non plus le négliger sous prétexte qu’il est ancien. Il est aussi notre culture et notre histoire. Si nous perdons parfois le sens de notre identité, c’est aussi parce que nous avons tendance à considérer trop facilement que ce qui est ancien est dépassé. Faire revivre notre répertoire de contes et chansons des époques anciennes est beaucoup plus important qu’on ne le croit pour garder ce qui fait de nous une nation distincte avec ses traditions et son caractère unique.
Cela ne nous empêche pas d’avancer, d’être partie active de la modernité. Le respect de notre histoire et de notre folklore n’a pas empêché les développements technologiques. Mais lorsque nous sommes confrontés à des choix qui nous engagent et engagent les générations à venir, il faut parfois revenir en nous-mêmes et se demander ce que nous voulions bâtir comme monde pour nous et ceux qui vont nous suivre. Certains choix ne sont possibles que dans le respect de ceux qui sont passé avant nous. Et on se rend souvent compte qu’ils nous ont légué les clefs de notre propre avenir.
Daniel DeShaime
Janvier 2015