Témoignage et hommage à Angèle Arseneault
Angèle Arseneault
Composé au moment de son décès en Février 2014
J’ai connu Angèle à Québec à l’époque un peu bohème où nous débutions dans le métier. Nous habitions le même quartier et passions des soirées entre amis à faire de la musique, à élaborer des projets d’avenir un peu fous dont nous avons fini par réaliser quelques-uns. Plus tard, j’ai eu l’occasion de faire de longues tournées avec elle à travers tout le Canada et de connaître son village et sa famille durant un été passé à l’île du Prince Édouard.
Dans les années 70s et 80s; j’ai travaillé avec presque tous les artistes Acadiens et avec plusieurs artistes de l’ouest où j’ai souvent donné plus tard des ateliers sur la chanson. On m’a même attribué le prix « Cousins-Cousines » pour « la personnalité québécoise ayant le mieux compris les communautés francophones du Canada ». Si j’ai été très fier de cette reconnaissance, je me suis toutefois demandé pourquoi il y avait un espace dédié au seul fait qu’une personnalité du Québec « comprenne les francophones du Canada » alors que nous en étions tous et que la compréhension ou le plaisir de travailler ensemble me semblaient naturels. Il faut dire qu’étant Gaspésien, de St-Octave-de-l’Avenir, je me sentais peut-être un peu francophone hors Québec…
Je ne raconte pas cela par prétention, sentiment dont la vie nous guérit très vite, mais pour souligner que j’ai eu l’occasion de côtoyer Angèle dans sa vie professionnelle et personnelle. J’ai pu comprendre à travers elle et plusieurs autres artistes, ce que pouvait comporter de particulier et de difficile dans le « métier » le fait d’être « d’ailleurs ».
Angèle a longtemps cherché la manière d’exprimer ce qui bouillonnait en elle. Lorsqu’elle a trouvé son style avec ses propres mots et ses propres musiques, une nouvelle étoile s’est mise à briller dans le ciel de la chanson. On a dit, et ce n’est pas exagéré, qu’elle était « La Bolduc des temps modernes ». C’est vrai mais avec quelque chose en plus. Si on prend la peine d’écouter ses textes, on se rend compte qu’ils ont souvent plus de profondeur, de vérité et parfois de tristesse, que son image joviale pouvait laisser croire au départ.
Car Angèle a aussi été meurtrie et a souffert de la dureté de cette « industrie de la musique », où le talent de l’artiste est plus souvent exploité que mis en valeur. Elle portait un message et ne concevait pas son parcours comme un jeu de stratégies vers une gloire qu’elle savait éphémère.
Nous ressentirons encore longtemps ce deuil. Et le plus bel hommage que nous puissions rendre à Angèle est de retenir et d’enrichir nos vies de ce qu’elle nous a appris sur nous-mêmes.
Au Revoir ! Angèle. Tu en connais désormais un peu plus que nous sur la vie et tu as sûrement de nouvelles idées de chansons. Alors si tu as du temps libre, continue d’écrire. On ne sait jamais…
Daniel DeShaime – 2014
P.S. : Salutations à Pierre Arsenault, Président de la SSTA (Société Saint-Thomas-d’Aquin) et fondateur du journal La Voix Acadienne